Raccourcir, encore.
Si votre film est trop long, il est ennuyeux. Vous vous en doutiez, alors coupez! Coupez encore! Un peu plus… Encore plus… Ce n’est pas parce qu’un plan est beau qu’il doit faire partie du film!
Je suis désolé si je reprend une des 10 règles d’or émise par notre ami Thierry. Mais le « couper toujours » devrait être une règle absolue. Quand je présente à ma fille un film de famille, dont je viens de finaliser le montage, et que celle dit me dit, sans sourciller: « Papa, c’est trop long », je comprends que je me suis regardé le nombril.
Soyons honnêtes avec nous-même. On voudrait tout garder de nos rushes. On voudrait garder les plans magnifiques que l’on vient de faire. Ce superbe travelling qu’on ne peut pas supprimer. Il est tellement beau ce plan! Magnifique, certes, mais il ne s’intègre pas au film. Poubelle!
On jette des tas de choses à la poubelle. Il n’est jamais plus triste que de jeter un bon plan à la poubelle. Mais il faut faire son deuil. Le problème est psychologique. En tant que vidéaste amateur, nous sommes à la fois le réalisateur et le cadreur. En tant que monteur, comment ne pas avoir de pitié pour le travail effectué en tant que cadreur?
Dans le milieu professionnel, le monteur n’hésitera pas à supprimer les images du cadreur si celles-ci ne viennent pas alimenter le côté scénaristique du film. Il faut que le plan apporte quelque chose au film. Un plan, aussi bien réalisé ou cadré soit-il, ne pourra pas apparaître s’il n’apporte rien au film.
Le fait que le monteur soit différent du cadreur et que ces deux personnes ne se rencontrent jamais améliore la qualité du film résultant. Lorsque j’ai pris en charge le montage d’un film que je n’avais pas réalisé, j’ai pu gérer à ma manière. Sans pitié.
Quand nous sommes en train de monter notre film, il faut faire preuve de courage et admettre qu’un plan n’apporte rien malgré la qualité de celui-ci. Et c’est dur… On en arrive à supprimer, supprimer… À la fin, ne reste que des plans basiques mais qui permettent de raconter une histoire sans anicroches.
Il faut comprendre le but d’un film: il doit être présenté à un public. Et si vous le présentez à un public, il faut présenter un film « qui se tient » et c’est sans doute la grande difficulté. Savoir doser la longueur du film en réduisant la longueur des plans, sans hésitation, supprimer ceux qui n’apportent rien.
J’avoue: à chaque fois, c’est dur. Je cherche le meilleur moyen de conserver mes plans. Mais ma fille (ou mon épouse) n’ont aucun sentiment et me rappellent à l’ordre: « trop long » ou « c’est quoi ce plan ici? »
Habitué aux séries télévisées, le public a une vision issue de son passé, de son vécu. On peut, sans doute, essayer de le surprendre mais il faut respecter la longueur standard des plans (de 3 à 5 secondes pour la plupart), la narration cinématographique, et éviter d’ennuyer le spectateur. Qu’il soit le public que représente les membres du club ou sa famille proche, le film doit se suffire à lui-même et magnétiser son public.
Mais coupez-moi ce p… de plan, vous dis-je! Il est top long! Le coucher de soleil, il est beau mais c’est du romantisme de midinette. Franchement, qu’apporte-t-il au film?
Allez, j’y retourne. Après on s’étonne que mes films soient courts…