Le matériel vidéo
Quel matériel vidéo pour faire de bons films? À quoi doit-on faire attention? Utiliser un téléphone portable est-il raisonnable? Combien vais-je devoir investir? Nous passons le matériel au peigne fin…
L’image
Comment prendre des images? Aujourd’hui plusieurs solutions sont possibles. Et vous gagnez en liberté tous les jours: rappelez-vous des temps anciens où vous deviez transporter votre caméra sous le bras et vous comprendrez qu’un vent nouveau souffle.
Le format de projection
Parlons technique. Au club (et le plus souvent), les films sont présentés en 1080p 30 images/seconde. C’est le format HD courant. En 2020, on va certainement passer dans le format 4K, toujours à 30 images/seconde. Tous les films sont tournés en 16/9 stéréo.
Le 24 im/sec a vécu. Aujourd’hui, même les projecteurs de cinémas peuvent projeter à 30 im/sec (les films 3D sont projetés à 50 im/sec). Le fait est qu’en Europe, les films de cinéma étaient présentés, du temps des télévisions à tube cathodique, à 25 im/sec. (soit +4% plus vite qu’au cinéma!).
Certains films sont présentés à 60 im/sec. mais cela ne présente pas d’intérêt particulier. La qualité 4K étant celle des projecteurs de cinéma, on arrive à certaines « extrémités » en terme de qualité. On va peut-être un peu loin: filmer en 4K complique les choses à plusieurs niveau: nécessité d’un réglage de la netteté qui ne supporte pas l’approximation, montage plus difficile, taille des rushes. Je vous conseille donc de vous concentrer sur le 1080p qui restera la norme au moins pour les 5 prochaines années.
Le caméscope
Les années 2010 ont signé l’arrêt de mort du camescope. Cet appareil qui a su pourtant évoluer très vite en passant de la cassette Hi8 à la cassette DV (le numérique) puis à la carte SD (ou au disque dur) est aujourd’hui à bout de souffle.
Pourquoi? Parce qu’il a été attaqué de tous les côtés. Entre téléphones portables, appareils photos et caméras sportives (Go Pro), le caméscope a une place bien difficile à tenir. Du coup, le caméscope de milieu de gamme a disparu pour laisser place au caméscope d’entrée de gamme qui ont peu d’intérêt et au haut de gamme assez onéreux.
Investir dans un caméscope lorsqu’on débute aujourd’hui n’est pas forcément un choix judicieux.
L’appareil photo
L’appareil photo est devenu le nouveau caméscope. Et pour cause: excellente optique (que ce soit pour les bridges ou les reflex) et surtout une spécialisation en vidéo. Les marques PANASONIC et LEICA, par exemple, propose un bouton « enregistrement » facilement accessible. La prise de vue est de 60im/sec en 1080p ce qui est tout à fait honorable. Et certains appareils, comme le Panasonic FZ-82, pourtant sorti en 2017 possède la possibilité d’effectuer des prises de vues 4K (à 25 im/sec).
Pour peu que l’on y consacre un budget moyen (entre 300 et 600 francs), on peut trouver un appareil photo facilement utilisable en mode vidéo. Un très bon compromis que j’ai choisi. Le film « Espèce en voie d’illumination » ci-dessous a été tourné de cette manière.
Personnellement, j’apprécie la facilité de pouvoir passer d’un mode « photo de vacances » à « reportage ». C’est ce qui m’arrive de plus en plus souvent: si je trouve un sujet intéressant, je fais une vidéo, sinon je me contente de photos souvenirs.
Le téléphone portable
Vous avez un caméscope dans la poche! Aujourd’hui, tous les téléphones répondent aux normes de prises de vues. Souvent, ils filment en 4K et ont un stabilisateur optiques. Un simple iPhone 5S sorti en 2013 filme en 1080p avec de très bon résultats.
Bien entendu, filmer avec un téléphone est un peu compliqué: difficile à tenir en main, zooming difficile, et quelques autres défauts inhérents à cet objet qui sert de couteau suisse. Mais il s’avère redoutable à plus d’un titre. La possibilité de faire un film à la volée, à un moment inattendu est simplement le nec plus ultra.
Le film présenté ci-dessous a été tourné avec un iPhone 5S totalement par hasard: j’ai découvert le groupe qui chantait au milieu d’une brocante de quartier. Je n’avais pas prévu de tourner: j’ai sorti mon téléphone portable et voilà le travail (le son provient aussi du téléphone).
Il présente aussi de nombreux avantages: possibilité de tourner « macro », de servir de caméra complémentaire, pour enregistrer une interview (en l’utilisant comme microphone), plaqué contre une vitre de véhicule pour un travelling, ce couteau suisse doit être utilisé comme tel: ce n’est sans doute pas le meilleur outil de tournage mais il a beaucoup d’atouts en poche.
Le cinéaste a toujours été le roi du système D et le téléphone portable est un véritable bijou dont il serait bien dommage de sous-estimer les capacités.
Vous pouvez aussi apprécier de nombreuses autres vidéos sur le site du Printemps Carougeois où vous pouvez retrouver les lauréats de 2019: tous les films ont été tournés avec un téléphone portable.
Le son
Le son d’un camescope reste un son d’ambiance: c’est pourquoi des tournages un peu professionnels demandent l’aide de microphones externes.
J’ai développé ce sujet dans l’article sur la prise de son et je pense qu’il ne faut pas sous-estimer la qualité sonore.
Il faut savoir aussi une chose: autant vous changerez de matériel de prise de vue assez fréquemment, autant les appareils destinés à la prise de son se conservent longtemps. La connectique est bien établie (prises Jack ou XLR) et les micros ne s’abîment quasiment pas dans le temps. Il s’agit donc d’un investissement à long terme. cela doit être pris en compte lorsque vous considérez le prix du matériel.
Le montage
Monter un film est une obligation. Vous trouverez de nombreux logiciels de montage disponibles. Je vous conseille d’essayer DaVinci Resolve qui propose une version gratuite et très professionnelle, bien que difficile à aborder pour un débutant. L’intérêt de ce logiciel est qu’il fonctionne sur toutes les plateformes (Linux, Mac et PC) et permet d’aller assez loin dans le montage. Il en existe une version payante si vous voulez aller plus loin.
Pour ceux qui sont sous Mac, celui-ci est livré avec iMovie, un logiciel de montage vidéo gratuit assez élaboré. Si vous voulez une version « professionnelle », il faudra vous orienter vers Final Cut Pro X qui l’outil de référence au club. Il coûte dans les 300 francs, tout comme DaVinci.
L’intérêt de faire le montage avec iMovie, c’est que vous pourrez ensuite le transférer vers Final Cut Pro X pour l’améliorer ou le finaliser.
Il faut aussi savoir que des logiciels de montage gratuits et de bonne facture, simples à utiliser existent sur les tablettes et téléphones portables. Cela permet de faire un montage très rapidement. Pour ceux qui se sentent à l’aise avec le filmé/monté (c’est-à-dire l’art de filmer et d’obtenir un film presque définitif à partir des rushes), c’est le bon outil.
Présenter le film
Présenter son film nécessite de créer un fichier vidéo, généralement de plusieurs dizaines de méga-octets. Cela est devenu monnaie courante. Vous pourrez alors le mettre en ligne sur Youtube, Viméo ou Facebook.
Pour le présenter au club, il suffit de nous l’apporter dans une clé USB ou un disque dur externe de préférence au format MOV ou MP4.
Pour regarder son film sur une télévision moderne, c’est le même principe: la plupart d’entre elles acceptent les clefs USB.
Et c’est tout…?
Pour conclure, je dirais que faire un film reste simple et que le matériel nécessaire pour y parvenir est devenu bon marché. Bien sûr, au fil du temps, vous aurez à cœur de vous équiper mais commencer avec un téléphone portable et un logiciel de montage est tout-à-fait possible. Reste à raconter une histoire, sans doute la partie la plus difficile…